Lolita – un mouvement aussi tendance qu’incompris

Cela fait 8 mois que j’ai découvert le Lolita, que j’écris et dessine des robes au style Lolita, que je n’hésite plus à porter des robes féminines et que je sais que j’ai toujours pensé otome. Je ne crois pas avoir saisi en si peu de temps tout ce qui défini le Lolita, mais je sais quelles sont les valeurs que véhiculent ce mouvement et en lesquelles je me reconnais. Et pour vous l’expliquer, quoi de mieux que de citer François Amoretti qui en parle si bien :

(Photo : Victorian maiden)

Il y a une recherche esthétique, certes, mais dès son origine, dans les années 70 au Japon, le « lolita » est un mouvement contestataire, né autour de femmes qui veulent s’exprimer en restant femmes. (…) La lolita – qui n’a rien à voir avec la lolita de Nabokov – pense qu’elle peut être d’autant plus forte face à la misogynie des hommes qu’elle est femme et qu’elle ne se déguise pas en homme. (…) Beaucoup se moquent d’ailleurs. Moins de la “classic lolita”, plus noble avec son corset, que de la “sweet lolita”, avec ses froufrous et dentelles. Mais les lolitas les plus engagées le deviennent rarement par hasard. Certaines, pas toutes, ont vécu des choses difficiles et c’est un moyen pour elles de se retrouver. Elles portent souvent des blessures cachées. Ce sont tout sauf des filles simples. Mais elles trouvent plus intelligent d’utiliser l’élégance et la politesse pour revendiquer que la violence. Elles aiment l’idée d’une rébellion en douceur.

Les tenues des grandes marques Lolita japonaises ne sont pas à la portée de ma bourse. Mais la mode actuelle me permet de plus en plus de me constituer une garde-robe qui rappelle le classic lolita. Je ne fais que préférer les robes bustiers avec de la tulle en doublure et les robes de soirées dites glamours, il s’agit du prêt-à-porter français que n’importe qui peut acquérir, ce qui n’empêche pas les gens de me dire que j’ai un style vestimentaire « propre aux artistes ». Cela me fait tout simplement sourire ^_^

(Photo : Défilé Chanel été 2010)

Car la mode y vient et parle clairement des récents défilés des créateurs Chanel, Burberry, etc. comme étant « lolita ». Mais qu’est-ce que le « lolita » aux yeux de la Haute couture et du grand public ? Malheureusement, même si sa chanson « Moi… Lolita » date déjà de la décennie précédente, Alizée a remis au goût du jour la fausse innocence, l’allure enfantine comme arme de drague. Dans le magazine féminin Grazia de cette semaine, un article dédié parle des codes esthétiques, et cela sans quitter Alizée pour fil conducteur. On n’y parle pas du Lolita que j’apprécie, mais d’un lolita « qui dégage un sacré pouvoir de séduction canaille ». Le résultat vestimentaire de cette lolita 2010 rentre tout à fait dans mon style de femme Lolita de tous les jours, alors que jamais je ne pense « C’est pas ma faute à moi » !

La confusion est telle que je ne sais que penser du vidéoclip auquel s’est adonné Kirsten Dunst. La fiancée de Spiderman se cosplaye en otaku gaijin dans les rues d’Akihabara. Après tout, bien que ce ne soit pas ma vision de la culture pop japonaise, si c’est ce qu’un artiste japonais a commandé, pourquoi pas ? La véritable question est : pourquoi la qualifie-t-on de « lolita Manga » ? Je vois le Lolita comme un ensemble de valeurs de liberté et d’acceptation de soi, je vois le manga comme une forme d’expression artistique, pourquoi voir l’ensemble « lolita Manga » comme une fille en fluo qui montre sa culotte en gigottant sa jupette ?! T__T Si vous voyez autre chose, n’hésitez pas à vous exprimer car je suis atterrée…

Malgré tout, gardons à l’esprit le côté positif : il y a de plus en plus de choses jolies et joyeuses, en magasin et sur les femmes en ce moment.

8 replies to “Lolita – un mouvement aussi tendance qu’incompris

  1. Est-ce qu’on aurait fait la confusion aussi facilement quelques années avant le boom du sweet lolita et de son exubérance ? C’est fou comme les japonais tombent toujours dans l’extrême, soit la beauté se fait ultra-sobre soit ça pète dans tous les sens. Le lolita est peu à peu tombé dans la deuxième option tout en conservant la première, ce qui ne lui donne pas une image claire. Je trouve qu’il porte déjà sa propre confusion et qu’il est très regrettable que des gaijins débiles aillent encore faire d’autres amalgames complètement inventés.

    Le clip de Kirsten Dunst : Oh the irony. On dit toujours que Marie-Antoinette est une icône lolita, je ne sais pas si c’est vrai pour la figure historique qui ne fédère pas forcément toutes les lolitas (et les gothic hein ? Elles laissent leur nom au mouvement, que leur reste-t’il ?), mais celle de Coppola en tout cas accuse tellement son adolescence/jeune adulte que pour le coup elle rappelle vraiment les lolitas. Combien d’avatars de Marie-Antoinette sur la toile lolita ? Et voilà qu’elle nous pond ça, à contrepied de la toinette, hahaha ! Ceci dit ce clip ne se proclame pas lolita, au mieux pourrait-il prétendre au « loli » des otaques (tiens en voilà un de terme que je déteste), Akihabara c’est pas Harajuku. Ceux qui feront la confusion sont le public mal guidé par des journalistes de merde qui ne peuvent pas écrire trois lignes sur le Japon sans recourir au mot « manga ». Bon sang mais même un temple c’est pas manga, le shinkansen non plus, et Mana-sama, il est tramé ?!

    À la rigueur je préfère un amalgame que j’entends souvent : « tu dessines Alice ? ». Alors non, c’est pas Alice mais on se rapproche déjà plus de la mentalité. Et puis Alice fait partie de ceux qui m’ont tiré la main là-dedans, de tous ces goûts antérieurs. Peut-être que le Tim Burton remettra les pendules à l’heure, en débit de la mode lolita-nabokov actuelle (ya aussi une pub pour un parfum, récemment…). Alice ne représente pas toutes les lolitas mais sa mentalité est tellement intriguante, le non-sens, c’est que du bon ^^.

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  2. Très intéressant et instuctif ton post sur les Lolitas !
    La mode Lolita, c’est un amour fou ! > < J'adore énormémément cette mode. Ma résolution serait de porter cette mode. Même si c'est chère. ^ ^"
    J'ai beaucoup adoré la description du mouvement Lolita par François Amoretti. C'est avec respect et honneur que je porte attention sur cette mode maintenant.
    C'est vrai que le sens "Lolitas" se perd ! C'est vraiment dommage, en effet.
    Heureusement qu'entre nous, nous savons de quelle "Lolita" on parle et qu'on adore. ^ ^

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  3. Ton blog est très joli, et pour ce que j’ai le temps d’en voir, très intéressant aussi !
    Donc je vais revenir…. à bientôt !

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  4. Merci pour ton point de vue Emilie ! J’ai entendu parler du Dico du Look effectivement, c’est intéressant ce que tu dis, il faudrait que j’y jette un oeil. C’est vraiment dommage qu’il faille parler de « gothic lolita » pour parler de notre Lolita, car je ne me reconnais pas du tout dans le gothique ni dans le mélange gothic lolita…

    C’est tellement regrettable cette homonymie. Je trouve que la Haute couture aurait pu en profiter pour aller dans le sens du Lolita japonais, en ce sens que la féminité soit élégance et respect de soi-même, plutôt que de partir dans le sens coquin-canaille.

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  5. Est-ce que tu as jeté un œil au « Dico du Look » ? Dans ce livre tout récent, les auteurs se sont penché sur les différentes modes vestimentaires actuelles. On y trouve notamment le « gothic lolita », qui est plus ou moins présenté comme apparenté eu « kawaii », mais il y a aussi plus loin une mode appelée « lolita » qui n’a plus rien à voir (ou presque) avec son homonyme japonais. C’est toujours une mode très féminine avec un côté « innocent » mais on ne retrouve pas les « citations » de modes plus anciennes (Rococo, victorienne, XIXème français, etc). Pas de jupe bouffante, pas de dentelle, des habits plus courts pour dévoiler les jambes, etc. Au final, il semblerait que la Lolita de Nabokov, dont parle la chanson d’Alizée, ne soit plus très loin, alors que nous faisons de notre mieux pour rappeler que non, le lolita japonais n’a rien à voir avec ça.

    Cela me rappelle exactement ce que tu dis à propos de la Haute Couture et de son discours sur le « lolita ». Pour moi, c’est juste une « relecture » de la mode par les grands couturiers, mais depuis leur propre point de vue (qui n’est pas japonais) et à travers tout un mélange : le goût occidental actuel, les modes féminines précédentes et/ou parallèles, la culture du couturier, le goût du couturier, etc.

    Malheureusement, je pense qu’il y aura toujours plus ou moins cette confusion, car dans notre langue le mot « lolita » a déjà un sens, lié au roman de Nabokov. A cause de cette homonymie sûrement, les gens préfèrent parler de « gothic lolita » pour parler de la mode lolita japonaise en général.

    Quant au « lolita manga », effectivement cela ne veut plus dire grand-chose. On (= les média, les gens en général) parle souvent d’une mode « manga » pour désigner ce qui peut nous rappeler la jeunesse japonais (de manière caricaturale) : les oreilles de chat, les uniformes d’écolières, les cheveux colorés, etc. Alors qu’effectivement, le manga ben… c’est de la BD, et non pas une « mode » O_o
    Là encore, il y a toute une confusion entre la mode japonaise (dont le lolita), le cosplay, le déguisement, etc. En ce qui concerne le clip de Kisten Dust, j’aurais plutôt dit qu’elle est « lookée » ou déguisée, de manière très colorée, que ses habits s’inspirent peut-être de personnages de manga (Sailor Moon ?).

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